DOPAGE : ENCORE UNE NOUVELLE AFFAIRE POUR L’ATHLETISME FRANÇAIS

RESTONS VIGILANTS.

 

Interview du Président de la FFA :

 

Bernard Amsalem : « Il ne faut pas baisser la garde»

 

Bernard Amsalem : « Il ne faut pas baisser la garde»

 

 

Hind Dehiba, la recordwoman de France du 1500 m (4’00’’49 en 2005), qui revenait d'un stage à Albuquerque (Nouveau-Mexique, Etats-Unis), a été arrêtée lundi avec son mari et entraîneur, Fodil Dehiba, après que les douaniers de Roissy eurent découvert des fioles d'hormones de croissance dans leurs bagages. Le parquet de Paris s'est saisi de l'enquête. Bernard Amsalem, président de la FFA, revient sur cette affaire. Et répète sa détermination à lutter contre le dopage.

Athle.com : Bernard Amsalem, quelle est votre réaction à l’annonce de l’interpellation de Hind Dehiba à la douane ?
Bernard Amsalem :
Ce n’est, hélas, pas une surprise. Nous sommes là dans le cas d’une athlète sur laquelle planaient des suspicions depuis quelques mois, et qui se retrouve aujourd’hui en difficulté. Face à cela, la Fédération a toujours eu un discours franc. Souvenez-vous, avant les Championnats d’Europe de Göteborg, j’avais évoqué mes inquiétudes sur certaines pratiques courantes dans le monde du demi-fond... Je précise bien que j’avais parlé, déjà, en refusant de jeter l’opprobre sur le demi-fond dans son ensemble, sans vouloir faire d’amalgame avec tous les athlètes français de cette spécialité.

Pour l’heure, elle n’est pas considérée comme coupable, et elle était d’ailleurs avec son mari, Fodil Dehiba
Ils étaient en couple, mais dans le couple, il y a une athlète qui se nomme Hind Dehiba. Aujourd’hui, après Latifah Essarokh, après Nordine Gezzar, une autre coureuse est inquiétée. Et je me réjouis que la douane et la police soient parvenues à mener à bien leur enquête. C’est la suite logique d’une procédure dans laquelle s’est engagée la Fédération. Car le message de la FFA est très simple : nous voulons éradiquer le dopage. C’est une question d’éthique, mais aussi d’image. Et de santé pour les athlètes. Je pense à ceux qui se dopent, et à l’état dans lequel ils pourraient être dans dix ou vingt ans…

Le mari de Hind Dehiba affirme que les fioles d’hormones de croissance n’étaient pas destinées à sa femme, mais à son utilisation personnelle…
Avec de telles quantités, cela ne me semble pas possible. Cela dépasse clairement le cadre de la consommation personnelle. On peut imaginer qu’un réseau soit alimenté au vu des quantités. Et puis, au-delà de cela, il y a le comportement de cette athlète. Souvenez-vous de son refus de sélection en équipe de France au moment de la Coupe d’Europe (ndlr : en juin dernier, une décision motivée par la suite par un certificat médical), de l’attitude toujours belliqueuse de son mari envers la FFA, de la propension de Hind Dehiba à toujours s’isoler, à partir en stage dans des destinations lointaines… Tout cela peut constituer des indices. Dès lors, il ne fallait pas s’étonner que la suspicion s’installe.

Que peut-on faire ?
J’ai un message à faire passer aux athlètes de demi-fond : il faut que tous ceux qui sont propres réalisent le discrédit que portent sur eux ces affaires. Il faut qu’ils aient un comportement plus solidaire, plus collectif.

Vous demandez à ce qu’ils chassent eux-mêmes les moutons noirs de leur discipline ?
Qu’ils fassent eux aussi le ménage, oui. Je sais que la Direction Technique Nationale et Patricia Djaté (ndlr : la responsable du demi-fond) font déjà un gros travail là-dessus lors des stages et des regroupements. Encore une fois, et j’insiste là-dessus, je ne veux pas qu’il y ait d’amalgame avec tous les coureurs. Les leaders du demi-fond en France, ce sont Baala, Tahri… et ces gars-là sont propres. D’un côté, les athlètes sont contents de voir que les choses bougent. Certains m’ont appelé pour me dire « Bravo, continuez ». Mais ils souffrent aussi en réalisant que le discrédit est jeté sur leur discipline.

Etiez-vous au courant de la procédure en cours qui visait Hind Dehiba, arrêtée à l’aéroport, à son retour de stage ?
Non. Après l’affaire Essarokh (ndlr : contrôlée positive l’été dernier après le meeting de Stockholm et suspendue depuis en première instance), une instruction a été diligentée par un juge. Dans ce cadre, la FFA a été interrogée par les enquêteurs.

Pour l’heure, Hind Dehiba n’a toutefois pas été contrôlée positive…
Elle devrait subir un contrôle. Mais si elle n’est pas déclarée positive, elle sera effectivement présumée innocente, et elle pourra courir. Nous ne pouvons rien lui interdire dans ce cas-là.

Et si elle remplit les critères pour le prochain championnat international ?
Vous le savez, la sélection est du domaine du DTN. Mais je me permettrai d’être auprès de lui extrêmement réservé quant à une éventuelle sélection de Hind Dehiba

Que pouvez-vous faire, maintenant ?
La FFA va attendre la suite de l’instruction et se porter partie civile afin d’avoir accès au dossier. Pour le reste, à plus long terme, nous allons poursuivre notre travail et notre collaboration avec les services de justice. Nous n’avons d’ailleurs, sur ce plan, pas le choix. Et nous assisterons sans doute à d’autres rebondissements